vendredi 20 septembre 2013

« Chic Afrik »


Je n’ai jamais eu le flair du shopping, et ma garde-robe est très simple : jeans, et chandails de coton. Quelques ensembles propres, pour les rares occasions. Pendant notre semaine de formation pré-départ, nous avons été conseillés d’adopter un habillement discret qui respecte les préceptes des pays musulmans. Dans mes bagages, j’ai inclus quelques jupes et plusieurs chandails à manches courtes. J’ai rangé mes robes d’été dans une boîte, en attendant notre retour.

À mon arrivée au Burkina Faso, quelle fut ma surprise devant les tenues des femmes! La plupart portent un ensemble trois pièces de tissu coloré que l’on appelle "pagne". Le pagne est peut-être à l’Afrique ce qu’est le jeans à l’Amérique, mais à une différence près : le bleu jeans fait place ici à une multitude de couleurs et de motifs qui expriment, pour moi, toute la joie de vivre africaine!

Que ce soit pour la messe du dimanche, au travail ou lors d’une rencontre officielle, les femmes arborent leurs tenues colorées, élaborées, élégantes et le tout agencé de bijoux de fantaisie et de sandales à talons hauts. Simplement pour aller faire des courses, il faut voir Balkissa ou Salimata enfiler leurs plus belles tuniques! Rien de sobre, tout est question d’éclat et de démesure, selon nos regards occidentaux.  Pour les femmes Africaines, c’est question d’élégance et de fièrté.  Le « Chic Afrik », comme j’aime le dire.

Il ne va sans dire que je faisais un peu réservé avec ma jupe en jeans et mon T-shirt rose… Régulièrement, mes collègues de travail me demandaient gentiment quand j’allais me faire coudre une jupe? Au début, je n’étais pas à l’aise avec l’idée de porter le pagne, comme si ce n'était pas fait pour moi. Je déclinais doucement les offres de celles qui voulaient m’accompagner au marché. Jusqu’au jour où j’ai rencontré Béatrice, une amie Française qui avait voyagé à plusieurs reprises en Afrique de l’Ouest, et qui portait des pagnes colorés avec des coupes Occidentales.

Ensemble, nous sommes allées magasiner au grand marché de Bobo. On s'est arrêtées à l'étale d'Assim, une parmi plusieurs petits kiosques qui offrent des piles et des piles de pagnes! Les samedis, les étales d’Assim sont envahis par de nombreuses femmes. Elles ouvrent les tissus, comparent les couleurs, admirent les motifs… Avec leur peau d'ébène, elles se permettent des couleurs vives : jaune, rouge... et des motifs variés, tels des formes géométriques, ou encore des oiseaux, des fleurs... De plus, il y a des pagnes qui commémorent un évènement, telle la Journée de la Femme. On choisit un motif pour un mariage et alors, hommes et femmes se feront confectionner robe ou chemise.

Après le boutiquier, il faut donc passer au couturier. C'est Béatrice, la première, qui a fait le tour des références du quartier. Une jupe chez l'un, une robe soleil chez l'autre. C'est Luc qui a su gagner notre confiance et ce fut le début d'une amitié. Je visite régulièrement le petit atelier où 4 machines à coudre et une planche à repasser se retrouvent au milieu de centaines de retailles multicolores. Morceaux faits sur mesure, ajustement rapide si ça ne fait pas. Luc me confectionne de jolies robes pour faire de moi une "farafina"(une noire), comme m'appellent maintenant mes collègues de travail!

Pour eux, les coupes et les designs sont encore simples, mais pour moi, c'est l'équilibre entre l'Afrique et l'Occident. Le métissage des goûts et des cultures qui t'ouvrent sur de toutes nouvelles possibilités. Ce qui est certain,  c'est qu'au retour au Québec, j'aurai une garde-robe colorée et vivante, à l'image de la femme africaine!

Sophie