dimanche 23 février 2014

Ces gens qui nous entourent

Depuis un an, nous vivons au Burkina Faso et comme vous pouvez vous en douter, il y a eu plusieurs ajustements à ce nouveau pays : nouveau climat, nouvelle culture, nouvelle école et nouveaux défis professionnels. Au Québec, nous avons notre réseau, parents, amis, et voisins sur lesquels compter en cas de besoin.
Ici au Burkina, ce réseau était à refaire.  Au fil des mois, nous avons eu la chance de trouver des gens qui ont, aujourd'hui, fait leur place dans notre quotidien. Certains consacrent leur journée au bien-être de la famille, d'autres ne font que passer, de temps à autre, pour nous offrir quelques fruits, un jus ou un important service. Nous souhaitons vous les présenter et en profiter pour les remercier d'égailler nos vies et celles de nos enfants.
Balakissa, la cuisinière
Cuisinière hors pair, Balakissa travaille auprès d'expatriés depuis plus de 12 ans. À chaque semaine, c'est la tournée des marchés. Ne croyez pas que tout s'achète au même endroit; Balakissa sait où trouver les meilleurs produits, aux meilleurs prix. Il y a les ingrédients pour les mets locaux, comme le riz sauce arachide ou le tô sauce babinga et   il y a les recettes occidentales qu'elle a apprises au fil des familles : quiche au poireau, nems, et l'incontournable pizza du vendredi soir! Au delà de la cuisine, Balakissa c'est notre interprète culturelle qui sait faire le pont entre la culture locale et la nôtre, et surtout c'est une valeur sûre en cas de problème. Lors du dernier palu de Sophie qui l'a alitée pendant 48h dans une clinique, c'est Balakissa qui a passé ses nuits à ses côtés pour permettre à papa d'être à la maison avec ses enfants! Nous avons compris alors que nous étions entre bonnes mains!
Salimata, la nounou
Salimata, c'est la nounou des enfants, mais en toute vérité, elle n'en a que pour son Chéri Coco. Du haut de ses 4 ans, Justin est la coqueluche partout où il va! Et il n'est pas peu fier de toute cette attention! Avant chaque voyage, il se fait sermonner par Salimata : "Ne laisse pas une autre femme te marier!" "Mais non", répond-t-il, le sourire en coin, l'air gêné! Pour l'anniversaire de Salimata, nous lui avons offert un beau pagne coloré. Une semaine plus tard, elle portait fièrement sa nouvelle robe, mais surtout, elle offrait à Justin un petit costume avec le même tissu... Cette fois c'est vraiment pour la vie!
Aïsha, la vendeuse de fruits
La petite Aïcha vient nous visiter tous les deux jours avec son grand plateau de bananes. Souvent on la croise à l'école des garçons ou sur notre rue où elle se promène de maison en maison avec sa demie-soeur. Elle nous salue toujours chaleureusement de son espiègle sourire. D'ethnie Peule, elle a grandi dans un village près de Bobo avec une tante et ses enfants. Ses parents vivent en Côte d'Ivoire. Elle n'a pas fréquenté l'école et vend des fruits depuis quelques années déjà. "Tu aimerais un jour te marier Aïcha?" Elle se retourne timide et répond d'une voie basse: "Quand mes parents me choisiront un mari". Elle roule un morceau de tissu méthodiquement, demande notre aide pour remettre sur sa tête son grand plateau, et prend la route vers une autre demeure.
Adama, le taxi man
Adama a remplacé Moussa depuis que celui-ci est en Côte d'Ivoire. Le grand gaillard conduit une toute petite Renaud 205 qu'il maintient sur la route avec des bouts de ficelle. Il avait fini de rembourser son prêteur, mais un bris de moteur l'a replongé dans les paiements pour quelque temps. Dominic s'assoit toujours devant pour discuter avec Adama. Le chauffeur lui raconte des histoires de sa jeunesse, quand il habitait dans un village de pêcheurs près de Banfora. Il le gronde quand Dominic se chicane avec Justin, car ici le cadet de la famille a TOUJOURS raison. Depuis que Justin est allé à la pêche à Banzon, Adama lui demande quand il recevra son capitaine : un poisson à chair blanche très apprécié au Burkina. Engagé dans le mouvement politique burkinabé, Adama écoute toujours RFI et discute avec les enfants sur les années Sankara, les prochaines élections, et les actualités de Bobo. Quelle surprise pour Dominic quand il a appris qu'Adama n'avait pas d'électricité chez lui. Tout à coup, il a compris qu'il était chanceux...
Sali, la vendeuse de jus
Avec un grand sourire, Sali me salue « I barada do Sophie ?» (Comment va le travail?). À tous les jours de la semaine, vers 13:00, elle arrive au Centre Médical de REVS+ avec son grand chapeau de paille, poussant un charriot avec 2 glacières débordantes de sachets de jus qu'elle a concoctés à l'aube. Deux choix s'offrent à nous : gingembre ou jus de pois sucrés (mon préféré!), qui ressemble à du lait et goûte si bon! Je connais peu de Sali, mais comme plusieurs femmes africaines, elle tire un maigre pécule de ces ventes itinérantes et subvient ainsi aux besoins de sa famille. Elle se lève tôt et pousse toute la journée son charriot, sous le soleil, pour offrir à 50 FCFA (10 cents) ses jus gouteux. Des rayons de soleil qu'elle emmagasine dans ses sachets!
Seydou, le tennis man
À notre grand désespoir, Jérémie a mis fin à ses cours de judo avec l'arrivée des vacances de Noël. Il a proposé, comme alternative, des cours de tennis au Club Muraz, un lieu de convergence pour les expatriés de Bobo. Souvent le dimanche après-midi on s'y retrouve entre amis tandis que les enfants disparaissent à la découverte d'un endroit secret. Seydou est toujours présent. Parfois derrière le comptoir des rafraichissements, mais le plus souvent possible sur le court de tennis pour échanger des balles avec un français, un taiwanais ou deux p'tits québécois et leur amis. C'est ainsi que Jérémie a commencé ses cours de tennis le mercredi soir avec Dominic et son meilleur ami, Édouard. Espiègle et blagueur Seydou ne manque pas une occasion de les faire marcher, au sens propre et figuré : "Papa, Seydou nous a dit que ça faisait 70 ans qu'il frappait des balles...Il a dit qu'il avait l'air jeune car il faisait du sport toute la journée...!?!"  Candeur et joie de vivre, des qualités que l'on pourrait ajouter à tous ces gens qui nous entourent!
Éric et Sophie

4 commentaires:

  1. Trop trop beau: les aventures, la chaleur humaine, les couleurs, l'amour indéniable de tous ces gens dans votre pays d'accueil, et bien sûr la vie au quotidien de la belle famille St-Pierre.
    Mais en ps. je dois ajouter que l'histoire d'amour entre Justin et Salimata m'a particulièrement touchée...

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  2. Ce commentaire ci-haut est de Marcelle :)
    Gros bizous à tous

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  3. Bonjour! Je viens tout juste de tomber sur votre blog par l'entremise de Google. Comme 7 autres étudiantes en Sciences Infirmières de l'Université Laval, je partirai en juin 2014 pour 9 semaines au Burkina pour un stage dans le cadre du projet PASME. C'est très intéressant de vous lire!

    Audrey Bombardier
    abombardier@hotmail.com

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