lundi 31 mars 2014

Tours de ville

Deuxième ville du Burkina, capitale culturelle, économique et même politique à une certaine époque, Bobo-Dioulasso, ou tout simplement Bobo, a des airs de grand village où il fait bon vivre! Chaque matin, nous parcourons la ville à pied ou à vélo, en route vers l'école, le travail ou tout simplement pour maintenir la forme!  Voici ces tours de ville quotidiens dans les rues animées de Bobo!

Au boulot à vélo

Le matin, en traversant le portail à vélo, les enfants et moi descendons notre belle rue bordée de grands Acacias. Justin salue les gardiens assis à l’extérieur des maisons. Nous dépassons la clinique médicale Exalab, où l’on tournait pour aller visiter Béatrice et Vincent. Quand on dépasse La Giovani, le restaurant préféré des garçons, Dominic me demande : Quand va t-on y retourner maman?

Sur le chemin, nous rattrapons Jérémie qui lambine en faisant des zigzags entre les trous de la rue, ou qui s’est arrêté sous un arbre pour boire de l’eau. Il est 7:45, mais il fait déjà 30°C! Arrivés au bas de la côte, les enfants garent leurs vélos et vont rejoindre les amis pendant que j’accompagne Justin à sa classe.

De retour à vélo, je fais demi-tour et je me dirige vers le travail. À la lumière, je tourne à gauche pour traverser le pont où les femmes lavent leur linge qu’elles étendent sur les arbustes. Je tourne à droite au premier six mètres pour traverser le « centre ville » et je m’arrête au Rond-point de la Mairie en attendant mon droit de passage.

Voici une de mes scènes préférées. À ma droite, le soleil est déjà dans le ciel et j’aperçois les petits ateliers d’artisans qui bordent la rue Vincens. Il y a un pont, toujours bondé de motos, qui enjambe la rivière où l’on peut voir les poissons sacrés du vieux quartier de Dioulassoba. Devant moi, la Grande Mosquée de Bobo-Dioulasso qui date de 1893. Emblème de la ville de Bobo, elle est construite en banco, avec ses minarets coniques et ses étais de bois qui soutiennent la structure et servent d’échafaudage d’appuis lorsqu’il faut refaire le revêtement.

Je pédale devant la Grande Mosquée et je continue doucement jusqu’au bout de la rue, en longeant les potières qui ont installé leurs créations sur le bord de la route. Il y a le grand terrain de foot où des centaines d’enfants se mettent en rang pour entrer à l’école de quartier. De temps en temps, j’entends un burkinabé qui m’appelle tout en buvant son Nescafé au maquis du coin : « Hey! Toubabou Mousso! »

Je tourne à gauche sur le Boulevard de la Révolution où je dois me faufiler entre les taxis, les mobylettes, les camions de transport et les piétons. À la première lumière, je tourne à droite, puis je rejoins la piste qui va me mener à REVS+, ou je travaille. Ici, c’est certain que je vais me faire interpeler! Lorsque je passe un entrepôt, les jeunes travailleurs me saluent : « La Blanche! », et les enfants au bord de la rue chantent en coeur : « Toubabou, Toubabou! »

Arrivée à REVS+, je descends de mon vélo et je suis accueillie par les patients assis sur le muret de la clinique médicale. « I dansé Sophie! » (Bonne arrivée!)

La journée commence!

Il y a tant de dépaysement dans mon trajet quotidien mais, avec le temps, ces scènes de Bobo sont devenues pour moi une source de réconfort : « It’s home away from home… »

Sophie



Un Demi à Bobo

La chaleur après la levée du soleil n'est pas propice à la course, il faut donc se lever tôt pour aller courir et encore plus quand un demi-marathon est inscrit au programme! Quand je quitte la maison, vers 6h30, la ville semble dormir. Des femmes passent le balai le long du chemin pour amasser les nombreux sacs de plastique. À l'église Patro, je croise déjà les fidèles endimanchés. Un crochet devant l'Institut Français et un tour du Rond-point des Nations, le plus important de Bobo qui, le soir venu, sera bien éclairé d'un grand "sapin" vert, jaune et rouge, aux couleurs du Burkina. Je monte devant le grand camp militaire Coulibaly, une ville dans la ville. Les gendarmes ou les cadets y terminent leur course matinale; 200 personnes aux pas cadencés, c'est impressionnant!


Je croise ensuite le chemin de fer, la brasserie Brakina et le Rond-point de Kadhafi. Virage à 90° devant le mur de l'aéroport, descente légère sur quelques km. Des jeunes marchent en groupe vers l'école avec leurs chemises ou leurs blouses de même couleur. À chaque fois ce sont les murmures: "Toubabou"... "Nasara", "le Blanc" en dioula ou More. Virage à gauche sur 90° et je monte vers les bureaux de l'UNERIZ où je travaille. Il est 7h, Sanou y vend déjà le riz étuvé aux passants. Lorsqu'il me voit, il agite la main vigoureusement avec un large sourire. Au 9e km, j'atteins le Stade Multisports de Bobo ou, il y a quelques semaines, nous avons eu la chance de voir le grand Salif Keita, la "Voix d'or de l'Afrique".

Je prends le Boulevard de la Révolution qui descend légèrement et me permet d'augmenter la vitesse. J'ai toujours droit au "Courage"; ou "Faut pas lâcher!" de la part des jeunes responsables des p'tits autobus qui partent vers les divers villages de la région. Prochain virage sur la rue la Grande Mosquée. Aboubacar, notre guide du vieux quartier, est là avec ses amis. Je longe le centre-ville et je recroise le Rond-point des Nations, cette fois, pour monter la longue côte vers le Rond-point des Chevaux, officiellement appelé le Cinquantenaire! Virage vers la maison de la culture, un superbe édifice en rond qui domine le paysage, mais qui est trop peu utilisé. Soir et matin, on y croise des jeunes et moins jeunes qui viennent faire "le sport"... quelques tours de la maison entres amis, ils s'arrêtent pour quelques exercices de musculation, des étirements et reprennent le chemin vers leur quartier respectif.

Dernière partie, je contourne le Rond-point de la Femme, l'un de nos préférés de Bobo, qui est au carrefour vers Ouagadougou. Déjà, 20km au compteur. Je descends légèrement, mais suffisamment pour augmenter la vitesse de nouveau et me donner une dose de plus d'endorphine, pour énergiser ma journée et surtout pour bien vivre Bobo dans toute son effervescence.

Éric