La Police du Marché!
Tous les matins j'amène les enfants à l'école
en vélo et ensuite j'explore Bobo à deux roues. Une journée, en visite au Grand
Marché, j'entre dans un sens unique...Les policiers sont là, et me sifflent
après quelques mètres...L'un prend mon vélo, l'autre me demande de l'accompagner.
Au poste, je rencontre l'Assistant de Police Municipale qui me fait entrer dans
son bureau. "Habituellement, l'amende est de 6 000 Franc CFA (12$), mais
on peut s'arranger!" dit-il! D'abord, je dois te sensibiliser..."
Après 20 min. de conversation sur les réalités de la sécurité routière à Bobo, il me dit que je pourrais peut être l'aider un
jour car il aimerait venir au Canada! Je
lui donne mes contactes, à quelques chiffres près (!), et on se serre la main.
Je repars avec mon vélo et tous mes FCFA!
Mes amis les maringouins!
L'Afrique me rentre dedans! Première semaine,
au moins 101 piqures de maringouins! Piqures...démangeaison...j'me gratte...elles
gonflent.. Et il y en a de nouvelles à tous les jours! Pourtant, les autres
membres de la famille n'ont rien...sans prendre plus de précautions que moi!
C'est très injuste!
La Débrouillardise africaine!
Dominic fait une démonstration de karaté et
fend ses shorts sur 20 cm, on pense les jeter tellement elles sont déchirées.
Je trouve un couturier sur le bord de la rue, qui doit avoir 75 ans...un bon 60
ans d'expérience! Il répare le trou sans que rien n'y paraisse. Pour 100 FCFA
(0.20$).
Un matin, en route pour mes visites
quotidiennes, j'ai une crevaison sur le vélo de Sophie! Je trouve un réparateur
à moins de 100m, il saute sur mon vélo, sort la chambre à air, applique 2
"patchs" et remet le tout en place.
15 minutes plus tard et délesté d'à peine 200 FCFA (0.40$) je suis
reparti!
Près de la maison, je croise un doyen à vélo
avec une petite meule sur son porte bagage.
Je l'interpelle pour voir qu'est-ce qu'il fait avec sa meule et surtout pour
l'inviter à la maison pour aiguiser les couteaux de cuisine. Il a rebroussé chemin, s'est arrèté devant le
portail. Pendant que je récupérais 4
couteaux, il s'est assis et a mis la meule à ses pieds. D'une main il activait
la meule et de l'autre il glissait la lame du couteau sur la pierre. 4 couteaux
affutés pour 300 FCFA (0.60$).
Des artisans habiles à tous les coins de
rue...Vive la débrouillardise africaine!
Le Vieux Quartier
Nous visitons le vieux quartier de Bobo avec Aboubacar,
un guide qui nous fait connaitre les 4 communautés: animistes, griots,
forgerons et musulmans. Le quartier est
très dense et riche en coutumes diverses. Entre autre, la maison des
"palabres", qui sert a tout ce qui touche la communauté: justice,
mariages, conflits familiaux, etc. Une maisonnette de quelques mètres carrés
avec un banc au milieu pour une autorité du village et des bancs tout autour pour
les personnes concernées. Une tradition
qui favorise le dialogue.
Passage obligé de toute visite du vieux
quartier, nous entrons au "Cabaret" où les femmes font une bière
artisanale à base de mil et qu'on appelle le "Dolo" et qui est servi aux
hommes comme aux femmes dans des calebasses coupées en deux. Pour le goût...J'ai subtilement donné ma
calebasse à Éric qui est maintenant habitué à cette saveur unique!
Après 2 heures de visites, nous assistons à une
célébration des masques au centre du village. Des danseurs costumés qui
culbutent au son des tambours. Nous avons la chance d'être assis juste derrière
le chef coutumier, le chef des masques et autres doyens du village devant
lesquels les masques offrent leurs plus grandes prouesses. Un très très beau
moment, mais pour lequel je n'ai aucune photo...Les piles étaient à plat!!!
Les Sorties à Vélo
Sortie à vélo avec Éric, et ses amis, Fabrice
et Paul. La première sortie de 45 km s'est faite principalement sur le "goudron"
avec un 6 km en sentiers où l'on a croisé un joli village et de superbes
arbres. Belle sortie, mais il me manquait mon cuissard, oublié au Québec. Au
marché, dans la section des friperies, je me suis trouvé un cuissard neuf pour
500 FCFA...1 $ !!!
Je suis donc fin prêt pour la 2e sortie, le samedi
suivant. Le goudron vers l'aéroport, suividu passage dans un quartier populaire
de la périphérie de Bobo et nous traversons la forêt du Kou où la fraicheur est
remarquable! On traverse un pont suspendu de 20 mètres. Prochaine destination,
la maison de campagne de Fabrice, construite en voutes nubiennes, un bijou
d'architecture!
Au départ de la maison de Fabrice, nous avons près de 30 km au compteur et il nous reste 15 km pour rejoindre Bobo...15 km de sentiers... Sentiers étroits, accidentés, où ca monte et ça descend. Même avec les cuissards, j'ai mal à des endroits ou je n'ai jamais eu mal de ma vie! Certaines sections sont ensablées, d'autres très endommagées! À un moment, je passe par dessus les poignées...Un vrai vol plané! Je me relève avec quelques éraflures, mais je repars doucement. Dès le 32e km, je dois arrêter plus souvent, pour reprendre mon souffle...Au 35e, j'abdique, incapable de faire baisser mes pulsations sous une température qui est maintenant de 37 °C! Je me couche à l'ombre! Fabrice et Paul partent à vélo pour aller chercher une moto et me ramener à la maison. J'ai même trouvé les km à moto difficiles...Enfin le goudron, et un repos bien mérité, j'aurai atteint le fond du baril!
Gaoua
Fin de semaine à Gaoua, le Sud-Ouest du
Burkina, frontalier avec le Ghana, à 3 heures de route de Bobo. Les paysages sont magnifiques, c'est la
campagne avec ses champs de coton, ses petits villages et ses maisons en
pisées. Gaoua, c'est la plus grande
ville du territoire Lobi, composé de 7
ethnies qui ont chacune leurs distinctions et surtout des cultures toujours
biens vivantes aujourd'hui. Nous découvrons ces peuples par la visite du musée
du Poni, l'un des musées les plus visités du Burkina, qui compte de splendides
photos prisent il y a 100 ans.
Le lendemain matin on prend la route avec
notre guide, appelé Bébé! Notre premier
arrêt se fait dans une maison Lobi, où vit une famille au sens africain
composée du chef de famille, ses frères, petits frères, et quelques 15 femmes et
leurs enfants. La maison Lobi est une sorte de fortification avec de toutes
petites fenêtres et une seule entrée où logeaient les animaux la nuit, pour
ébruiter tout intrus qui voudrait entrer! Le grenier est au centre de la construction
et accessible seulement par le toit où se trouve aussi la chambre du chef de
famille. Les gens sont très souriants malgré le dénuement apparent, c'est
touchant à voir, et Angèle est aux anges dans cette immersion africaine.
Nous poursuivons notre route pour atteindre la
Volta Noire, une grande rivière qui tient lieu de frontière avec le Ghana. Un gros camion se fait remplir de vêtements
venus d'Europe ou d'Amérique! De gros ballots de linge traversés en pirogues et
rechargés de l'autre coté par 20 jeunes qui besognent avec ardeur. Ils en ont
pour la journée avant que le camion reprenne la route vers Gaoua. Nous effectuons un tour en pirogues afin de profiter de la belle température et mettre les pieds au Ghana, pour quelques minutes!
Vers 15.00 hre nous roulons 1
heure avant de monter notre campement dans la cour d'une école. Ça doit faire
30 ans qu'on a pas dormi dans une tente...deux petits matelas, un draps et un
sac de couchage...Pour nous deux! À 18h, la nuit tombe rapidement avec... la
fraiche de décembre...Quand il fait 35°C le jour, des nuits à 20 voir
19°C, c'est plus que frais, c'est frette
comme on dit au Québec!!!
La nuit est superbement étoilé, le ciel en est
rempli d'astres lumineux! Les trois loups se couchent ensemble à 20h. "Maman,
Justin prend toute la place!"
"Maman, Jérémie ne partage pas la couverte!" "Papa, j'ai
froid aux pieds!"...Finalement à 21h tout le monde dors...ou presque! Vers 2h du matin, c'est Justin qui chigne, il
va dormir avec ses parents. À 5h, on les entend sortir de leur tente vers celle
d'Éric et Sophie, ils sont maintenant 5 dans une tente prévue pour deux
personnes! Nous, on a réussi à bien dormir malgré le froid et le confort
limité, mais pour l'expérience, on oubliera pas de si tôt!
Le lendemain on se rend à Gaoua pour le marché
du dimanche. Les routes sont pleines de
femmes avec de paniers remplis de denrées.
Elles porte pour 1000 voir 1500 FCFA (2-3$) et certaines parcourent plus
de 20 km. pour atteindre la ville. De grands efforts pour tirer un bien maigre
pécule. Sur certaines routes, on peut voir des kilomètres de femmes en file
indienne qui convergent vers le marché, un panorama spectaculaire.
À 13h, c'est le temps de quitter Gaoua et
retourner vers Bobo, où assurément, de nouvelles aventures nous attendent!
Papi (René)