La musique est déjà
venue s'insérer dans de précédents récits. Que ce soit pour faire danser les
masques, ou pour terminer une longue sortie à vélo au son des balafons, la
musique s'invite au quotidien comme pour de grandes occasions.
Voici 5
perspectives, chacune sélectionnée par un membre de la famille, pour vous
présenter ces différentes gammes musicales qui nous font vibrer aux rythmes
africains depuis notre arrivée.
♪ Jérémie
"La musique
est toujours présente ici, on la retrouve partout"
À l'église de notre
quartier, quand on passe dans la rue les dimanches matin.
Dans tous les maquis
de Bobo que l'on croise aux quatre coins de la ville.
À la maison, surtout
les fins de semaine.
À l'école, à la
chorale, aux cours d'anglais et aux ateliers de Tam tam de la classe de CP,
qu'on entend jusque dans notre classe!
Même l'appel de la
prière dans les Mosquées semble être chanté.
Au grand Théâtre de
l'Amitié qui est entouré de motos les soirs de spectacles.
Au CCF (Centre
Culture Français) surtout pour les cafés concerts, une fois par mois, où je
retrouve des amis de l'école, et on peut courir pendant que nos parents
écoutent le groupe du mois.
L'un des spectacles
regroupait 60 musiciens, c'était impressionnant!
J'aime beaucoup les
soirs de concerts parce qu'on a le droit de se coucher tard!
♫ Sophie
"La musique
qui nous suit tout au long de notre vie"
La musique en
Afrique... Mais avant tout, la musique dans ma vie. Quand j'étais petite, étant
gênée et solitaire, je passais des heures à me bercer en écoutant les 33 tours
de mes parents, dont Fernand Gignac! Mon premier disque fut Physical, d'Olivia
Newton John.
Quand je pense aux
moments-clés de ma vie, il y a toujours une chanson qui refait surface. Hey
Rita, des Too Many Cooks, me rappelle ma première "date" avec
Eric au Spectrum. À notre mariage, Solsbury Hill de Peter Gabriel,
nous a accompagné de l'église à la salle de réception. Pour ma ceinture brune
de karaté, c'était Thunderstruck de AC/DC. Et pendant mon premier marathon, j'ai
écouté Waka Waka, de Shakira, en boucle!
La musique fait donc
partie de ma vie : elle me sert d'inspiration, me rappelle d'où je suis
partie et les beaux moments de la vie. Elle me motive, me permet d'entrer dans
ma bulle, de m'évader; elle me donne souvent espoir dans les moments difficiles.
La musique en
Afrique, c'est aussi ça, de l'espoir. Dans les paroles qui font réagir la foule
et qui évoquent un monde meilleur, pour les enfants, les femmes, les africains.
Dans une vie qui est souvent rude, la musique ici permet de réunir tout le
monde dans un moment collectif de joie. Dans un esprit de partage, les gens se
laissent aller aux rythmes, ils dansent, chantent, s'amusent. Malgré
l'adversité, il y a toujours, et essentiellement, une place pour le plaisir!
♬ Dominic
"Moi, ce sont les instruments de musique que
j'aime"
Au musée de la musique on a appris que les instruments
servaient à communiquer avec les gens près de soi, comme le balafon avec des
gens éloignés, comme les tambours, ou même avec les ancêtres, comme lors des
cérémonies des masques!
Ici on trouve beaucoup d'instruments différents: le
djembés, les maracas, le piano à pouce, qui est très drôle, la Kora, comme une
guitare avec une grosse calebasse, et le balafon.
À tous les vendredis, je prends des cours de balafon
avec Moussa, un ami de papa. J'aime ça pouvoir jouer avec les deux mains, mais
c'est difficile. Moussa est aveugle, et je ne sais pas comment il fait, mais il
sait toujours quand je fais une mauvaise note! Et il peut même me dire de
quelle main je me suis trompé!
J'aime suivre mes cours de balafon, car je suis seul
avec papa.
♪♫ Éric
"Les cabarets, et le dolo qu'on y sert, sont des
incontournables de la culture burkinabé"
Souvent après nos sorties de vélo on se retrouve au
cabaret où les amis de Fabrice, dont Moussa, développent des rythmes énergiques
sur leurs balafons. Moussa est un virtuose du grand xylophone aux lames de
bois. Sa voix est tout aussi juste. Il joue habituellement en duo : l'un
tient le rythme, et l'autre soliste, égaillent les mélodies. Les femmes qui
préparent le dolo, leur offrent une ration pour qu'ils tiennent du matin
jusqu'au soir. "Souvent les cabarets sont dans
des quartiers populaires, sans électricité. Ils sont donc fréquentés de jour et
à la tombée de la nuit, c'est terminé" raconte Fabrice, qui a été
balafoniste pendant 3 ans dans un cabaret de Bobo.
À Bobo, cette tradition se perpétue dans les cabarets, des lieux sans prétention: quelques bancs de bois, un grand arbre et des toits de tôle ou de paille qui assurent un peu d'ombre. On y vient pour vider quelques calebasses de dolo, mais aussi pour y croiser des connaissances, et surtout pour profiter de l'ambiance musicale de grands balafonistes tel Moussa.
♪♬ Justin
"Moi j'aime chanter des chansons!"