Ici au Burkina, ce réseau était à refaire. Au fil des mois, nous avons eu la chance de trouver des
gens qui ont, aujourd'hui, fait leur place dans notre quotidien. Certains consacrent
leur journée au bien-être de la famille, d'autres ne font que passer, de temps
à autre, pour nous offrir quelques fruits, un jus ou un important service. Nous souhaitons vous les présenter et en
profiter pour les remercier d'égailler nos vies et celles de nos enfants.
Balakissa, la cuisinière
Cuisinière hors pair, Balakissa
travaille auprès d'expatriés depuis plus de 12 ans. À chaque semaine, c'est la
tournée des marchés. Ne croyez pas que tout s'achète au même endroit; Balakissa
sait où trouver les meilleurs produits, aux meilleurs prix. Il y a les
ingrédients pour les mets locaux, comme le riz sauce arachide ou le tô sauce
babinga et il y a les recettes
occidentales qu'elle a apprises au fil des familles : quiche au poireau,
nems, et l'incontournable pizza du vendredi soir! Au delà de la cuisine,
Balakissa c'est notre interprète culturelle qui sait faire le pont entre la
culture locale et la nôtre, et surtout c'est une valeur sûre en cas de
problème. Lors du dernier palu de Sophie qui l'a alitée pendant 48h dans une
clinique, c'est Balakissa qui a passé ses nuits à ses côtés pour permettre à
papa d'être à la maison avec ses enfants! Nous avons compris alors que nous étions
entre bonnes mains!
Salimata, la nounou
Salimata, c'est la nounou des
enfants, mais en toute vérité, elle n'en a que pour son Chéri Coco. Du haut de
ses 4 ans, Justin est la coqueluche partout où il va! Et il n'est pas peu fier
de toute cette attention! Avant chaque voyage, il se fait sermonner par
Salimata : "Ne laisse pas une autre femme te marier!" "Mais
non", répond-t-il, le sourire en coin, l'air gêné! Pour l'anniversaire de
Salimata, nous lui avons offert un beau pagne coloré. Une semaine plus tard,
elle portait fièrement sa nouvelle robe, mais surtout, elle offrait à Justin un
petit costume avec le même tissu... Cette fois c'est vraiment pour la vie!
Aïsha, la vendeuse de fruits
La petite Aïcha vient nous
visiter tous les deux jours avec son grand plateau de bananes. Souvent on la
croise à l'école des garçons ou sur notre rue où elle se promène de maison en
maison avec sa demie-soeur. Elle nous salue toujours chaleureusement de son
espiègle sourire. D'ethnie Peule, elle a grandi dans un village près de Bobo
avec une tante et ses enfants. Ses parents vivent en Côte d'Ivoire. Elle n'a
pas fréquenté l'école et vend des fruits depuis quelques années déjà. "Tu
aimerais un jour te marier Aïcha?" Elle se retourne timide et répond d'une
voie basse: "Quand mes parents me choisiront un mari". Elle roule un
morceau de tissu méthodiquement, demande notre aide pour remettre sur sa tête
son grand plateau, et prend la route vers une autre demeure.
Adama, le taxi man
Adama a remplacé Moussa depuis que celui-ci est en
Côte d'Ivoire. Le grand gaillard conduit une toute petite Renaud 205 qu'il
maintient sur la route avec des bouts de ficelle. Il avait fini de rembourser son
prêteur, mais un bris de moteur l'a replongé dans les paiements pour quelque
temps. Dominic
s'assoit toujours devant pour discuter avec Adama. Le chauffeur lui raconte des
histoires de sa jeunesse, quand il habitait dans un village de pêcheurs près de
Banfora. Il le gronde quand Dominic se chicane avec Justin, car ici le cadet de
la famille a TOUJOURS raison. Depuis que Justin est allé à la pêche à Banzon,
Adama lui demande quand il recevra son capitaine : un poisson à chair
blanche très apprécié au Burkina. Engagé dans le mouvement politique burkinabé,
Adama écoute toujours RFI et discute avec les enfants sur les années Sankara,
les prochaines élections, et les actualités de Bobo. Quelle surprise pour
Dominic quand il a appris qu'Adama n'avait pas d'électricité chez lui. Tout à
coup, il a compris qu'il était chanceux...
Sali,
la vendeuse de jus
Avec un grand
sourire, Sali me salue « I barada do Sophie ?» (Comment va le travail?). À tous
les jours de la semaine, vers 13:00, elle arrive au Centre Médical de REVS+
avec son grand chapeau de paille, poussant un charriot avec 2 glacières débordantes
de sachets de jus qu'elle a concoctés à l'aube. Deux choix s'offrent à nous :
gingembre ou jus de pois sucrés (mon préféré!), qui ressemble à du lait et goûte
si bon! Je connais peu de Sali, mais comme plusieurs femmes africaines, elle tire
un maigre pécule de ces ventes itinérantes et subvient ainsi aux besoins de sa
famille. Elle se lève tôt et pousse toute la journée son charriot, sous le
soleil, pour offrir à 50 FCFA (10 cents) ses jus gouteux. Des rayons de soleil qu'elle
emmagasine dans ses sachets!
Seydou, le tennis man
À notre grand désespoir, Jérémie a mis fin à
ses cours de judo avec l'arrivée des vacances de Noël. Il a proposé, comme
alternative, des cours de tennis au Club Muraz, un lieu de convergence pour les
expatriés de Bobo. Souvent le dimanche après-midi on s'y retrouve entre amis
tandis que les enfants disparaissent à la découverte d'un endroit secret.
Seydou est toujours présent. Parfois derrière le comptoir des
rafraichissements, mais le plus souvent possible sur le court de tennis pour
échanger des balles avec un français, un taiwanais ou deux p'tits québécois et
leur amis. C'est ainsi que Jérémie a commencé ses cours de tennis le mercredi
soir avec Dominic et son meilleur ami, Édouard. Espiègle et blagueur Seydou ne
manque pas une occasion de les faire marcher, au sens propre et figuré :
"Papa, Seydou nous a dit que ça faisait 70 ans qu'il frappait des balles...Il
a dit qu'il avait l'air jeune car il faisait du sport toute la
journée...!?!" Candeur et joie de
vivre, des qualités que l'on pourrait ajouter à tous ces gens qui nous
entourent!
Éric et Sophie